lundi 16 août 2010

Le rôle de l'Algérie dans la libération de l'Afrique


AFRIQUE DU SUD

En 1961 s’engage un mouvement de guérilla dirigé par l'ANC (l'African National Congress) pour résister au régime d’apartheid en Afrique du Sud. C’est là qu’apparaît la jonction avec un pays en lutte pour son indépendance : l’Algérie. En 1961, Mandela rencontre, au Maroc, le docteur Moustapha Chawki, membre du GPRA en exil. Ce dernier va lui raconter l’histoire de la résistance algérienne contre le colonialisme français. Pour Mandela, il existe de nombreuses similitudes entre la guerre d’Algérie et la situation en Afrique du Sud ou une petite minorité de Blancs exploite la majorité noire du pays. Moustapha Chawki va conseiller Mandela dans sa stratégie pour libérer son peuple. Selon lui, la révolution algérienne n’a pas pour but une victoire militaire contre l’ennemi français. Ce sont les sphères politiques et économiques qui feront tomber le colonialisme. Il va conseiller à Mandela de ne pas négliger l’arme de la diplomatie et du rapport de force politique plutôt que d’insister sur le côté militaire.

Nelson Mandela durant son séjour aux camps du FLN à la frontière algéro-marocaine en été 1962

En 1962, Nelson Mandela est invité à Alger par le président Ahmed Ben Bella pour une parade militaire. C’est à ce moment que le premier président de la République algérienne indépendante va proposer à Mandela de soutenir financièrement son parti, l’ANC, et d’installer en Algérie des camps d’entraînement pour la rébellion sud-africaine anti-apartheid. Les visites de Mandela en Algérie seront ensuite ultra secrètes. « Le ministre de la Défense de l’époque, le colonel Houari Boumediène avait ordonné de ne pas divulguer la présence de Mandela en Algérie. Seul un groupe restreint d’initiés savait que le héros de la libération de l’Afrique du Sud était en Algérie », raconte l’ancien ambassadeur d’Algérie en Afrique du Sud, Nourredine Djoudi. M. Djoudi parle l’anglais et sera d’une aide indispensable pour Mandela en Algérie où l’on parle l’arabe et le francais. Parmi les instructeurs militaires de Mandela en Algérie, figurent des noms devenus connus comme Chérif Belkacem ou le général Mohamed Lamari. Nelson Mandela va s’inspirer du modèle algérien mais son idéal révolutionnaire va être rattrapé par les réalités du moment. Accusé de sabotage et de complot contre l’Etat, Mandela est condamné à la prison à vie lors du procès de Rivonia en 1964. Mais Alger continue à soutenir l’ANC sur tous les plans : Sur le plan militaire, l’Algérie a joué un rôle important : à partir de 1965, plusieurs militants de l’ANC venaient secrètement en Algérie pour s’entraîner et rentrer en Afrique du Sud pour mener des opérations militaires d’envergure. Une bonne partie d’entre eux reçoivent même une formation à la prestigieuse école militaire de Cherchell. Sur le plan politique, l’Algérie a ouvert à l’ANC un bureau d’information dans un grand appartement à la rue Larbi Ben M’hidi, non loin de la place de l’Emir Abdelkader. Ce bureau était représenté par de grandes personnalités de la lutte contre l’apartheid comme Robert Reisha ou le responsable des relations extérieures de l’ANC, Johnny Makatini, entre autres. A partir d’Alger, ils informaient l’opinion internationale sur les horreurs de l’apartheid et expliquaient les raisons de leurs justes luttes. Même l’actuel président Zuma répète toujours son attachement à Algérie. Il n’a jamais oublié qu’il voyageait avec un passeport algérien ! Olivier Tambo, qui deviendra le président de l’ANC jusqu’en 1991, venait fréquemment en Algérie. D’ailleurs, c’est l’Algérie qui a remporté une magnifique victoire contre le régime de l’apartheid lorsque, présidente de l’Assemblée générale de l’ONU en novembre 1974, représentée par le ministre des affaires étrangères de l’époque, Abdelaziz Bouteflika, elle a réussi à exclure l’Afrique du Sud des travaux de l’AG onusienne. Les sud-africains, humiliés, n’y retournent plus jusqu’à la chute du régime de l’Apartheid.

Nelson Mandela lors de sa visite en Algérie en 1990

En février 1990, Nelson Mandela est libéré après 27 ans de prison et de fermeté envers un système racial inhumain, le futur premier président de la nation «arc-en-ciel» est retourné en Algérie, premier pays a le visiter en mai 1990. Pour marquer son attachement aux idéaux universels de novembre 1954, le héros sud-africain a déclaré : «Je suis algérien, je suis arabe, je suis musulman !» Nelson Mandela a voulu affirmer l’impact de l’Algérie et de sa révolution sur la lutte du peuple sud-africain contre l’apartheid. Il ne cessé de réclamer des nouvelles de Ben Bella, celles des personnes qu’il avait connues au sein de l’ALN et du GPRA et dont il avait gardé les noms en mémoire après 26 ans de captivité, à savoir le «docteur Mostefaï» (Chawki) et «Djamel» (Cherif Belkacem). Il n’a cesser aussi de rappeler qu’il a été « le premier sud-africain à avoir été entraîné aux armes en Algérie. Quand je suis rentré dans mon pays pour affronter l’apartheid, ajoute-t-il, je me suis senti plus fort ».

ANGOLA
Houari Boumediene et Agostinho Neto, président de l'Angola

Le 4 février 1963, en présence de Ben Bella, le docteur Agostinho Neto, président du MPLA, inaugure le bureau du mouvement angolais à Alger. Les premiers combattants angolais du MPLA ont été formés en Algérie, entre 1963 et 1964 par des instructeurs cubains. Les premiers véhicules blindés envoyés au MPLA en 1975 pour lutter contre l’UNITA et le FNLA l’ont été par l’Algérie qui accorde aussi des droits d’escale aux avions soviétiques, dans les aéroports du sud algérien qui acheminaient des armes au MPLA en Angola. L’Algérie a était le premier pays arabe et un des premiers pays africains à reconnaître l’indépendance de l’Angola dès le premier jour de sa proclamation.
A la mort du président Boumediene en décembre 1978, l’Angola décrète trois jours de deuil officiel et en hommage a celui qui a contribué a son indépendance donne le nom de Houari Boumediene a un grand boulevard qui abrite les ambassades et les consulats accrédités au pays.

MOZAMBIQUE

Samora Machel, père de l'indépendance du Mozambique

En août 1963 Samora Machel faisait partie du premier groupe du FRELIMO envoyé en Algérie pour une formation militaire ; le 25 septembre 1964, ce groupe de guérilleros déclenche la lutte armée contre le Portugal. Après l’indépendance du Mozambique, le président Samora Machel – qui a suivi sa formation militaire à Cherchell et Bouguerra – a fait venir ses instructeurs algériens dans son pays et les a présentés à son peuple : « Voilà les hommes qui ont formé l’ensemble de nos militants ! »
L'ouverture d'une ambassade du Mozambique à Alger, son unique ambassade maghrébine, traduit la qualité des relations traditionnelles d'amitié et de solidarité entre les deux pays.

NAMIBIE

Sam Nujoma, chef de la SWAPO et Mohamed Bedjaoui, ambassadeur de l'Algérie à l'ONU lors des débats sur la Namibie

En 1963 un bureau de la SWAPO s’ouvre à Alger et dirigé par Solomon Mifima, Le Chef de la SWAPO, Sam Nujoma demande au président Ben Bella une aide militaire pour déclencher la lutte armée contre les Sud-africains en Namibie. Alger lui donnerait des armes qui seront transitées vers la frontière namibienne via l’Egypte, la Tanzanie et la Zambie. Le premier groupe de combattants de la SWAPO dirigé par Dimo Hamaambo s’entraîne en Algérie en 1964. L’actuel président namibien Hifikepunye Pohamba séjourna à Alger en 1971(où il reste deux ans), entant que représentant du mouvement en Afrique du Nord ; il apprend le français, langue à laquelle il reste attaché. En 1973 l’Algérie a fortement contribué à la reconnaissance par l’ONU et de l’OUA de la SWAPO comme « représentant unique du peuple namibien ».

CAP VERT ET GUINE-BISSAU

Amilcar Cabral lors d'une conférence de presse à Alger

Le leader nationaliste cap verdien, Amilcar Cabral, était un habitué d'Alger où il faisait très souvent escale et où il rendait fréquemment visite à Ben Bella et à Boumediene. En 1968, lors d’une conférence de presse à la villa Boumaâraf, à Ghermoul, à Alger, siège des mouvements de libération en Algérie, il répondait à la question d’un journaliste américain sur l’engagement et l’aide de l’Algérie en ces termes : « Prenez un stylo et prenez note : les musulmans vont en pèlerinage à la Mecque, les chrétiens au Vatican et les mouvements de libération nationale à Alger ! »

Signature de l'accord d'Alger en 1974 entre le Portugal et le PAIGC qui prévoit l'indépendance de la Guinée Bissau

Il sera assassiné en 1973 avant de voir le Cap Vert et la Guinée-Bissau accéder à l’indépendance après des accords signés a Alger en 1974 entre son mouvement, le PAIGC, et le Portugal qui venait de se libérer lui aussi de la dictature salazarienne.

SAHARA OCCIDENTAL

Boumediene s'entretient avec Mostapha el Ouali, fondateur et chef du Polisario

L’Algérie a militée depuis son indépendance pour le retrait du colonialisme espagnol du Sahara occidental dont elle partage la frontière. Alger réclamait l’application, comme son cas, du droit d’autodétermination pour le peuple sahraoui et elle a coordonnée son action en ce sens avec le Maroc et la Mauritanie, elle a soutenue aussi le Polisario dès sa création et lui a offert son aide dans sa lutte armée contre les troupes espagnoles. En 1975 le Maroc et la Mauritanie partagent le Sahara occidental suite a un accord avec l’Espagne et envahissent le territoire. L’Algérie intensifie alors son soutien au Polisario en accueillant sur son sol ses combattants ainsi que les centaines de milliers de réfugiés sahraouis fuyant la répression des forces d’occupation marocaines et mauritaniennes. Elle reconnaît aussi la RASD dès sa proclamation et travaille sur les coulisses diplomatiques a faire reconnaître le conflit sahraoui comme étant un problème de décolonisation. La RASD sera reconnu par plus de 80 pays et la plupart des états du Tiers monde reconnaissent le Polisario comme mouvement de libération et unique représentant du peuple sahraoui. Alger continue, toujours, à apporter son soutien ferme au peuple sahraoui dans sa lutte pour la liberté et l’indépendance.

Par Mehdi Algérien Patriote

1 commentaire:

  1. L'Algerie a joué un grand rôle dans la libération des anciennes colonies en Afrique. C'est pour cela qu'il est difficile de constater aujourd'hui que son gouvernement émet des lois raciales stigmatisant et limitant les libertés des noirs sur son sol.

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